2020 risque bien dans le futur d’apparaître comme l’une des années des plus atypiques et des plus mouvementées de notre époque. Les voyants économiques étaient repassés au vert en début d’année, juste avant l’arrivée en février de la crise sanitaire mondiale provoquant une récession brutale et un krach financier.
Une « reprise » rapide, très concentrée sur certains secteurs économiques, un climat social pesant, et enfin l’arrivée de vaccins en novembre furent les autres faits marquants de l’année. Tout cela en quelques mois… Il était vraiment nécessaire de garder ses nerfs et d’éviter une vision à trop court terme afin de ne pas perdre toute confiance… Le grand vainqueur de ces douze derniers mois est sans conteste la Chine qui a retrouvé une croissance supérieure à celle d’avant la pandémie, suivie des Etats-Unis dont la résilience reste toujours aussi surprenante, alors que l’Europe reste pour le moment la principale victime de cette crise majeure.
Nous avons basculé vers 2021 avec des projections et beaucoup d’interrogations
La première projection est le maintien en 2021 de politiques monétaires et budgétaires très « expansionnistes », d’autant plus nécessaires que la crise sanitaire devrait durer au moins jusqu’à la fin du printemps. L’absence d’inflation autorise cette politique de création monétaire maximale.
La deuxième projection est celle d’une reprise vigoureuse de l’économie mondiale une fois la pandémie « vaincue », cela dépendra de l’efficacité des campagnes de vaccination et des mutations probables du virus. Nous pourrions même être surpris de la vigueur de cette reprise, alimentée par les liquidités surabondantes, par une consommation forte liée à l’utilisation progressive de l’épargne accumulée et par une reprise du secteur des services. Le premier trimestre risque de continuer de souffrir fortement des restrictions de circulation liées au virus, mais gardons l’espoir d’une amélioration rapide de la situation pour les mois suivants.
La troisième projection serait celle d’une Europe plus forte qui reprendrait enfin le chemin de l’expansion grâce à une dynamique politique nouvelle et par la remise en question de dogmes budgétaires devenus obsolètes (traité de Maastricht).
Face à une Chine devenue toute puissante et à des Etats-Unis qui restent dans la course, l’Europe doit réussir à mettre de côté ses divergences et se concentrer sur ses forces et ses atouts.
Je pense que cette crise pourrait au moins servir à faire sauter un certain nombre de verrous qui handicapent l’Europe depuis bien longtemps et lui permettre d’investir massivement dans les infrastructures publiques et les projets écologiques / environnementaux essentiels au rebond du vieux continent.
Face à ces projections, plusieurs interrogations qui subsistent conditionneront également cette nouvelle année. L’arrivée de la nouvelle administration aux Etats-Unis est un enjeu important, la poursuite d’une politique budgétaire expansionniste et d’une politique monétaire accommodante pour éviter l’asphyxie de nos économies en est une autre, mais jusqu’à quand et à quel prix ?
La deuxième interrogation, qui est peut-être la plus importante, est la possible émergence de crises sociales de grande ampleur. La crise sanitaire a en effet accentué certaines inégalités et le sentiment d’élites coupées du peuple risque d’être générateur de nouvelles flambées sociales violentes.
Nos gouvernements devront gérer ce risque, espérons-le en distribuant mieux les richesses, il s’agit là aussi d’un enjeu formidable pour l’Europe démocrate en proie à un retour du nationalisme et des extrêmes.
Pour terminer, la dernière interrogation, à plus long terme, est de savoir comment les Etats gèreront l’explosion des déficits et des dettes ? Cette question devra bien être traitée lorsque nous serons sortis de cette crise sanitaire.
Cette question de la dette affecte également et de manière encore plus préoccupante une part importante du secteur privé qui apparaît aujourd’hui comme le plus fragilisé et le plus endetté.
Qu’en sera-t-il pour le futur à court terme des TPE/ PME, des artisans et des commerçants qui ressortiront extrêmement fragilisés de cette crise ?
2020 restera donc une année très éprouvante et anxiogène. Paradoxalement, les marchés financiers totalement décorrelés de l’économie réelle, et en dépit d’une volatilité très élevée, finissent l’année sur une note plus positive.
La faiblesse des taux d’intérêt qui devrait perdurer de nombreux mois, la probable reprise économique et le rebond attendu des bénéfices des sociétés donnent une tendance favorable pour les prochains mois même si la valorisation bien trop élevée des actifs financiers (risqués) rend les marchés très vulnérables à toute mauvaise surprise dans les prochaines semaines.
Le secteur bancaire européen reste avec cette crise très fragilisé dans son ensemble, de nombreuses banques de premier plan verront leurs résultats financiers se dégrader très fortement ces prochains mois.
Notons que cela favorisera encore plus le développement d’offres de financements et d’investissements alternatifs (Crowdfunding) se substituant progressivement aux produits d’épargne « conventionnels » manquant de lisibilité, d’éthique et de rendement.
Quant au secteur de l’immobilier, sa résilience est une fois de plus avérée, même si certaines classes d’actifs comme certains commerces non alimentaires et surtout l’hôtellerie et le tourisme courbent l’échine depuis plusieurs mois.
Les grands gagnants sont donc les SCPI de rendement et autres foncières non cotées diversifiées et spécialisées (logistique, médical, résidentiel), les clubs deals immobiliers spécialisés, et certaines classes d’actifs en pleine propriété (médical, grande dépendance).
Autre gagnant, dans les villes de provinces attractives, l’immobilier résidentiel rénové ou neuf en adéquation avec les aspirations de vie des français, le moteur étant l’accélération très forte de la « digitalisation de l’économie ».
Nous vous souhaitons donc avec toute l’équipe de la Financière Investissement une belle année 2021.
Qu’elle nous fasse oublier cette bien triste année 2020.
Jean-marc Meunier
Gérant